Suite à l’inscription de la liberté de l’IVG dans la Constitution française de la République, - fait unique dans l’Histoire de l’humanité – je voulais revenir sur la liturgie de Dimanche dernier où l’Exode nous rappelait le don de la Loi au Peuple d’Israël.
Les 10 Commandements ont été donnés par l’Eternel à Moïse, pour redire le bien qui habite naturellement dans la conscience de tout humain, mais qui du fait du péché et du mal qui ont obscurci l’intelligence et affaibli la volonté, ne vont plus de soi. Cette lumière des Commandements est littéralement contredite par l’inscription de la Liberté dans la Constitution française Désormais, notre communauté nationale n’obéit plus aux Commandements de Dieu mais à un nouvel ordre moral, qui appelle bien ce qui est mal et mal ce qui est bien. Avec le paradoxe que ce nouvel ordre milite avec force contre la peine de mort judiciaire, et ‘en même temps’ (pour reprendre l’expression de notre Président) promeut la peine de mort médicale.
Je me rappelle l’avertissement solennel du Pape Jean-Paul II dans son Encyclique Evangelium Vitae : La défense et la mise en valeur de ce droit doivent être, de manière particulière, l’œuvre de ceux qui croient au Christ, conscients de la merveilleuse vérité rappelée par le Concile Vatican II : « Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme ». Dans cet événement de salut, en effet, l’humanité reçoit non seulement la révélation de l’amour infini de Dieu qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16), mais aussi celle de la valeur incomparable de toute personne humaine.
Et, scrutant assidûment le mystère de la Rédemption, l’Eglise reçoit cette valeur avec un étonnement toujours renouvelé et elle se sent appelée à annoncer aux hommes de tous les temps cet « évangile », source d’une espérance invincible et d’une joie véritable pour chaque époque de l’histoire. L’Evangile de l’amour de Dieu pour l’homme, l’Évangile de la dignité de la personne et l’Evangile de la vie sont un Evangile unique et indivisible. C’est pourquoi l’homme, l’homme vivant, constitue la route première et fondamentale de l’Eglise.
Aujourd’hui, cette annonce devient particulièrement urgente en raison de la multiplication et de l’aggravation impressionnantes des menaces contre la vie des personnes et des peuples, surtout quand cette vie est faible et sans défense. Aux fléaux anciens et douloureux de la misère, de la faim, des maladies endémiques, de la violence et des guerres, il s’en ajoute d’autres, dont les modalités sont nouvelles et les dimensions inquiétantes.
Dans une page d’une dramatique actualité, le Concile Vatican II a déploré avec force les multiples crimes et attentats contre la vie humaine. Trente ans plus tard, faisant miennes les paroles de l’assemblée conciliaire, je déplore ces maux encore une fois et avec la même force au nom de l’Eglise tout entière, certain d’être l’interprète du sentiment authentique de toute conscience droite.
Malheureusement, ce panorama inquiétant, loin de se rétrécir, va plutôt en s’élargissant : avec les nouvelles perspectives ouvertes par le progrès scientifique et technique, on voit naître de nouvelles formes d’attentats à la dignité de l’être humain. En même temps, se dessine et se met en place une nouvelle situation culturelle qui donne aux crimes contre la vie un aspect inédit et — si cela se peut — encore plus injuste, ce qui suscite d’autres graves préoccupations : de larges couches de l’opinion publique justifient certains crimes contre la vie au nom des droits de la liberté individuelle, et, à partir de ce présupposé, elles prétendent avoir non seulement l’impunité, mais même l’autorisation de la part de l’Etat, afin de les pratiquer dans une liberté absolue et, plus encore, avec l’intervention gratuite des services de santé.
Tout cela provoque un profond changement dans la façon de considérer la vie et les relations entre les hommes. Le fait que les législations de nombreux pays, s’éloignant le cas échéant des principes mêmes qui fondent leurs Constitutions, aient accepté de ne pas punir ou, plus encore, de reconnaître la légitimité totale de ces pratiques contre la vie est tout à la fois un symptôme préoccupant et une cause non négligeable d’un grave effondrement moral : des choix considérés jadis par tous comme criminels et refusés par le sens moral commun deviennent peu à peu socialement respectables. La médecine elle-même, qui a pour vocation de défendre et de soigner la vie humaine, se prête toujours plus largement dans certains secteurs à la réalisation de ces actes contre la personne ; ce faisant, elle défigure son visage, se met en contradiction avec elle-même et blesse la dignité de ceux qui l’exercent. Dans un tel contexte culturel et légal, même les graves problèmes démographiques, sociaux ou familiaux, qui pèsent sur de nombreux peuples du monde et qui exigent une attention responsable et active des communautés nationales et internationales, risquent d’être résolus de manière fausse et illusoire, en contradiction avec la vérité et avec le bien des personnes et des nations.
Le résultat auquel on parvient est dramatique : s’il est particulièrement grave et inquiétant de voir le phénomène de l’élimination de tant de vies humaines naissantes ou sur le chemin de leur déclin, il n’est pas moins grave et inquiétant que la conscience elle-même, comme obscurcie par d’aussi profonds conditionnements, ait toujours plus de difficulté à percevoir la distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent la valeur fondamentale de la vie humaine. »
Je vous propose de relire cette encyclique qui garde toute sa force ! Et d’offrir votre carême.